• Le père Leleu

     

     

    Saint-Moré

    (89)

     

     

    Le père Leleu

                                                                                                                  wikipédia

    Place de Saint-Moré

    Saint-Moré est situé à 17 km  d' Avallon

    En 2012, la commune comptait 180 habitants

     

     

    Le père Leleu

     

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    Les rochers de Saint-Moré

     

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    Le père Leleu

     

    Les rochers et la Cure, vue prise de la grotte du père Leleu

     

     

    François Leleu

    (1836-1913)

    Portrait du Père Leleu, l'Ermite de la Grotte de St-Moré (1906)

     

    La grotte de "La Colombine" dite grotte du père Leleu

     

    Le père Leleu


     

     

     

    Son histoire

     

    L’Yonne Républicaine

    mardi 5 mars 2002

     

    Le troglodyte de l’Avallonnais (I)

    Le père Leleu fait son nid à Saint-Moré

     

    Visage buriné, barbe broussailleuse…  - 28.9 ko

                                                                       (photo d’archives : D.R).

    Visage buriné, barbe broussailleuse…
    L’ermite de Saint-Moré « soignait » son apparence. Le père Leleu prenait volontiers la pose et vendait ensuite « ses » cartes postales aux touristes
     
       

     

    Avant la Grande guerre, il était du dernier chic, pour qui passait par

    l’ Avallonnais, de rendre visite au père Leleu, le troglodyte de Saint-Moré.

    Vie hors normes, mort mystérieuse : personnage haut en couleurs, le père Leleu est entré dans la légende.

     

    Le père Leleu

    Le père Leleu, l' ermite, devant sa grotte

    dans les rochers de Saint-Moré.

     

    A sa mort survenue en 1913, il n’a pas laissé d’œuvres derrière lui : pourtant, son souvenir reste bien vivant. À Saint-Moré bien sûr, mais aussi dans l’Avallonnais ou l’Auxerrois. Le personnage, c’est vrai, sortait de l’ordinaire. Pendant 27 ans, il a habité à flanc de falaise dans une grotte accessible au moyen d’une corde à nœuds. Il était devenu une véritable attraction. L’on venait de loin pour visiter « l’ermite » haut en couleurs avec ses yeux vifs et sa barbe broussailleuse, vendant des souvenirs archéologiques et des cartes postales, exhibant des vipères vivantes, jouant de la vielle, proposant bière ou limonade aux touristes au cœur bien accroché. Les circonstances mystérieuses de sa fin tragique, en 1913 - accident ou assassinat ? - l’ont fait entrer dans la légende.

     

    Difficile de démêler le vrai du faux

     

    Pierre-François Leleu n’était pas, tant s’en faut, le premier à trouver asile dans les grottes dont est truffée la falaise de Saint-Moré : l’homme préhistorique y avait déjà pensé. Plus récemment, au début du XIXe siècle, un ancien soldat de l’époque napoléonienne, tisserand de son état, vécut quelque temps dans une cavité située dans la Côte de Chair, à droite de la route nationale, au-dessus de l’actuel Chalet des Routiers. L’exemple de cet ermite a peut-être inspiré le père Leleu. Sa grotte à lui se trouve sur la gauche des tunnels routier et ferroviaire, côté Avallon.

    Pierre-François Leleu a passée la fin de son existence à Saint-Moré : il était âgé de 50 ans lorsqu’il est arrivé dans l’Yonne en 1886. De sa vie avant cette date, l’on ne connaît que ce qu’il a bien voulu en dire : difficile de remplir les blancs, de démêler le vrai du faux. Il semble acquis qu’il est né à Paris en 1836, qu’il a grandi dans une famille assez aisée dont le père exerçait la profession de maître blanchisseur. À l’âge de trois ans, dit-on, il figura avec beaucoup de conviction le rôle de l’Amour dans un cortège de mi-carême. C’est chez les frères du Gros-Caillou qu’il commença des études qui le menèrent en 1854 ou 1855 au « niveau bac », dirait-on aujourd’hui, faute de savoir s’il a ou non passé l’examen. Toujours d’après ses dires, il se maria et eut des enfants.

     

    Communard puis bagnard au fort de Kellern

    ou Quélern (Finistère)

     

    Pierre-François Leleu a-t-il résidé à Paris jusqu’à l’âge de 35 ans ? En tout cas, il s’y trouvait lorsqu’en 1871 éclata la Commune, et se rangea aux côtés des insurgés. Il laissait volontiers entendre qu’il avait exercé de très hautes fonctions pendant cette époque troublée. Ce qui est certain, c’est qu’il échappa aux terribles fusillades des Versaillais. Fait prisonnier au plateau de Châtillon, il fut envoyé au fort de Kellern, près de Brest, et se flattait de s’y être lié avec le géographe Elisée Reclus. Un parent forçat : quelle honte, surtout à l’époque ! Cette expérience du bagne, sans doute terriblement éprouvante en elle-même, a sans doute eu également pour effet de le couper de sa famille. Quand et comment Leleu fut-il libéré ? Mystère. Durant les années suivantes, on l’imagine volontiers trimardeur, sorte de SDF avant la lettre, hanté par ses années d’épreuve, sillonnant la France et subsistant à coup de petits boulots. Il prétendait aussi avoir effectué divers voyages, en Algérie, en Tunisie ou en Corse.

    C’est ainsi qu’en 1886, il arrive à Saint-Moré. Ou, plus exactement, à Arcy-sur-Cure, où réside un certain Guyard, industriel exploitant une carrière d’ocre, qui l’embauche comme terrassier. La carrière forme une grotte artificielle dans la Côte de Chair, sur la commune de Saint-Moré. Les terres extraites sont chargées dans la vallée, et de là transportées jusqu’à Voutenay, où on les traite pour en extraire l’ocre. Rapidement, l’affaire périclite. Leleu se retrouve sans emploi, contraint de se louer pour effectuer des travaux à la journée. Les curés-archéologues des environs - l’abbé Parat, curé de Bois-d’arcy et l’abbé Poulaine, curé de Voutenay - utilisent volontiers ses services. Reste la question du logement. Manque de ressources pour payer un loyer, ou besoin vital de liberté ? Toujours est-il que, la grotte de Guyard se trouvant désormais vide, le quinquagénaire décide d’y élire domicile et dote l’endroit d’aménagements sommaires. Sur les cartes postales qu’il vendra plus tard aux touristes, on voit un banc, un grand baquet de bois, une petite table… Sa « chambre à coucher » se trouve sur la droite, séparée du vide par un muret de pierres sèches. De son lit de fougères, l’occupant jouit d’une vue imprenable sur la vallée de la Cure. En guise d’escalier, il installe la corde à nœuds qui, la célébrité venue, fera la joie des touristes.

     

    Le père Leleu

     

     

    Un cercueil dans une brouette

     

    Dans ce cadre romantique à souhait, il invite une compagne de rencontre à venir le rejoindre. En 1887, Alice-Almira Liézard quitte Paris pour Saint-Moré. Était-elle avertie du domicile pour le moins original qu’elle allait trouver ? Celle que Leleu dénommait « la bourgeoise » ne survivra que quatre ans à sa nouvelle - et fort rude - existence. Très vite, elle tombe malade, et se couche pour ne plus se relever.

    Un soir, l’abbé Poulaine lui donne l’extrême-onction. Il raconte : « Par une tempête de neige, je l’administrai à la lueur des torches et au bruit sinistre du vent s’engouffrant dans la caverne. Un grand-duc, chassé par la tourmente, vint, à ce moment, s’abattre au pied de l’humble couche de la mourante ».

    Alice-Almira Liézard décède le 3 décembre 1891, à l’âge de 48 ans. Leleu aurait, paraît-il, souhaité enterrer la défunte dans sa grotte : les autorités locales l’en empêchent. Reste à descendre le corps de la grotte pour le transporter au cimetière du village. « Il a fallu glisser l’humble cercueil au flanc de la montagne ; on n’y est parvenu qu’au prix d’infinies précautions et de rudes efforts », écrivit à l’époque « La Revue de l’Yonne ».

    On raconta plus tard que, la corde s’étant rompue, le cercueil fut précipité dans le vide et dévala la pente, venant s’immobiliser, tout disloqué, au bord du chemin de terre qui longe la Cure.

    Ce qui semble avéré, c’est qu’une fois le fardeau mortuaire parvenu au pied de la falaise, le transport au cimetière s’effectue à l’aide d’une brouette. Aucun corbillard ni charrette n’est mis à la disposition du père Leleu.

    Les habitants du village commencent par ignorer, voire rejeter cet original qui mène une existence si différente de la leur. Comment pourraient-ils deviner que, vingt ans plus tard, il sera leur gloire locale ?

     

    Françoise Lafaix

     

     

    L’Yonne Républicaine

    lundi 11 mars 2002

     

    Le troglodyte de l’Avallonnais (II)

    La « gloire » du père Leleu brisée

    par une fin tragique.

     

    Le père Leleu

     

    Le père Leleu montant dans sa corde
     
    Le vieil ermite, qui s’était autoproclamé « gardien des grottes de Saint-Moré » jouait les guides pour les touristes en mal d’aventures.

     

     Devenu une vraie vedette, l’ermite a vu défiler pendant une vingtaine d’années, dans sa grotte de Saint-Moré, des foules de visiteurs ébahis. Jusqu’à sa mort, en 1913, dans des circonstances mal éclaircies :
    accident ou meurtre ?

       

     

     

    Décembre 1891 : à 55 ans, Pierre-François Leleu se retrouve seul dans sa grotte de Saint-Moré. Sa compagne, Alice-Almira Liézard, n’a survécu que quatre ans aux rudesses de la condition de troglodyte. Il n’a plus de travail : la carrière d’ocre où il était employé comme terrassier, dans la grotte de la Colombine, a cessé son activité.

    Ses seules ressources sont les travaux de fouilles qu’il exécute pour l’abbé Poulaine ou l’abbé Parat, prêtres et archéologues, qui s’intéressent aux grottes préhistoriques de Saint-Moré. Sombre tableau ! Pourtant, en quelques années, le marginal, retranché dans son abri à flanc de falaise, accède à un véritable statut de vedette. Une célébrité interrompue en 1913 - il a 76 ans - par sa mort brutale, dans des circonstances qui restent mystérieuses.

    Yeux vifs surmontant une barbe broussailleuse, crâne dégarni et balafré souvent coiffé d’un chapeau, le père Leleu a été pendant deux décennies une véritable curiosité, que les Parisiens férus d’archéologie venaient visiter au même titre que le camp de Cora ou les grottes d’Arcy. C’est que, à partir d’éléments de bric et de broc, il s’était composé une image bien au point, avec un étonnant sens de ce que l’on n’appelait pas encore le marketing. Assez instruit pour l’époque, le vieil ermite, sous des dehors frustes, ne manquait certes pas de malice. Peut-être aussi sa promotion a-t-elle été prise en main par un homme avisé, réalisant tout le parti qu’il pouvait tirer de ce personnage pittoresque à souhait ? Le bruit en a couru, accrédité par le florissant commerce de cartes postales dont le père Leleu était le héros, et par la vente de la biographie parue en 1897 et rédigée par un certain Jho Pale (pseudonyme d’un journaliste clamecycois).

     

    Des vipères vivantes dans des bouteilles

     

    Pittoresque, en tout cas, c’était le mot. « J’ai personnellement eu l’occasion de rencontrer le père Leleu dans la grotte où il s’était installé, avec tout son environnement, notamment des chiens de garde et, dans des bouteilles, des vipères bien vivantes. Ce refuge était une sorte de bric-à-brac où l’on trouvait, mélangés, les éléments de sa subsistance et des objets d’archéologie découverts dans les grottes », écrivait en 1971 Marcel Gauthier dans « l’Echo d’Auxerre ».

    Loin de se tenir à l’écart de l’humanité, l’ermite de Saint-Moré ne demandait pas mieux que de faire visiter son repaire. Moyennant finances, s’entend. Il n’était pas rare, racontait Mme Mongellaz dans une communication faite en 1965 à la Société d’études d’Avallon,d’entendre un paysan du coin héler le troglodyte : « Hé, pée Leleu, e yée un parigot que vourot voie tai grotte, esce qu’o peut monter ? »

    En s’aidant d’une corde à nœuds, le touriste parvenait à prendre pied dans la vaste cavité, au milieu des chiens et des lapins. Le maître de céans faisait les honneurs du vaste domaine qu’il s’était approprié, en paroles tout du moins : « Ma maison, mes rochers, mes champs, ma rivière », aimait-il à dire.

     

    Le père Leleu

     

    Selon les jours et les visiteurs, il jouait un air de vielle, déclamait des poèmes de sa composition, racontait des histoires plus ou moins pimentées.

    Son grand plaisir : épater le bourgeois en lui mettant sous le nez les vipères vivantes qu’il conservait et nourrissait dans des bocaux.

     

    Le père Leleu

    Le visiteur au cœur bien accroché (les verres étaient sommairement rincés dans l’eau de la Cure) pouvait siroter une bière ou une limonade bien fraîche. Il était invité à conserver un souvenir de cette étonnante balade en acquérant quelques cartes postales ou la biographie de son hôte.

     

    Le père Leleu

     

     

    L’amateur d’archéologie pouvait même repartir (toujours moyennant finances) avec des ossements ou des vestiges préhistoriques glanés dans les grottes alentour. À l’occasion, le père Leleu - qui s’était autoproclamé « gardien des grottes de Saint-Moré » - se faisait guide dans les cavités intéressantes de la Côte de Chair.

    Dans la grotte voisine de la sienne, au bout d’un couloir d’une centaine de mètres, il montrait une sépulture préhistorique qu’il prétendait avoir découverte lui-même. Pilleur de cavernes ou précieux auxiliaire de la science ?

     

    Il gisait, allongé sur le sol humide

     

    L’abbé Poulaine, en tout cas, appréciait fort sa collaboration : « Parmi la faune redoutable de ces époques lointaines, dont les restes ont été exhumés par le vieux troglodyte, il faut citer le mammouth, l’ours des cavernes, la hyène, le rhinocéros. De nombreuses sépultures préhistoriques, des vases en terre, en verre, des objets en bronze, des lances gallo-romaines, etc, lui doivent d’avoir revu le jour ».

    N’empêche que, très vraisemblablement, une partie des découvertes qui ont ainsi revu le jour n’ont pas rejoint les musées des environs, mais ont été échangées contre espèces sonnantes et trébuchantes.

     

    À 77 ans sonnés, le vieux troglodyte semblait se porter comme un charme lorsque survint sa mort brutale, dont les circonstances n’ont jamais été véritablement éclaircies.

    « La revue de l’Yonne » du 30 janvier 1913 raconte : « Lundi matin, vers 7 heures et demie, M. Momon, épicier à Arcy-sur-Cure, arriva au faîte du cordillon. Il fut salué par les aboiements furieux des quatre chiens du père Leleu et, contrairement à son habitude, le vieillard ne vint point à sa rencontre. Avançant de quelques mètres, il aperçut le père Leleu qui gisait allongé sur le sol humide, les bras crispés, la tête en sang. Fidèle entre les fidèles, la chienne favorite du vieillard, Lisette, était accroupie sur les jambes de son maître. M. Momon n’eut point de peine à se rendre compte que le père Leleu était mort ». Le corps présentait, paraît-il, un trou derrière la tête, ainsi que des meurtrissures profondes aux genoux et aux jambes.

     

    Meurtre ou accident ?

     

    Le parquet d’Avallon fut avisé. Une autopsie fut pratiquée.

    Gendarmes et justice conclurent à une mort accidentelle : s’approchant au bord de sa terrasse pour satisfaire un besoin naturel, le vieil homme avait pu être pris d’un malaise et tomber dans le vide, se blessant grièvement.

    Thèse développée en janvier 1913 par « Le Journal de Clamecy » :

    sans doute assommé par sa chute terrible, le père Leleu n’était cependant pas mort. Il serait parvenu à gravir quand même son escalier avant de retomber, épuisé, et de succomber. Selon les conclusions du médecin légiste, la mort survint par une congestion cérébrale causée par le froid.

    A côté de cette version officielle, la thèse du meurtre courut aussitôt. Aurait-on tué le père Leleu pour le voler ?

    Selon certains, le vieil homme était riche. Mais deux montres et une somme d’argent, placées en évidence, n’avaient pas été touchées. À moins qu’il ne s’agisse d’une vengeance ? Un couple de lutteurs forains fut, un temps, inquiété : venus se produire à l’occasion des fêtes du quartier Saint-Gervais, à Auxerre, l’homme et la femme avaient paraît-il fait ripaille avec le père Leleu, le jour même du drame.

    Cette hypothèse n’eut pas de suite. Depuis, la piste du crime garde ses partisans. Une cinquantaine d’années après les faits, un habitant de Saint-Moré alors âgé de 96 ans déclara avoir vu, le 30 janvier 1913, le cadavre de Leleu dans le bas du sentier. Mais dans ce cas, qui a remonté le corps dans la grotte ? Et pourquoi ?

    Françoise Lafaix

     

    Le père Leleu

    Le père Leleu sur sa terrasse

     

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  • Commentaires

    3
    C7
    Jeudi 28 Mai 2015 à 00:21

    Le Père Leleu et sa grotte,  j' en ai entendu parler et lu certains articles. Sa mort reste un mystère jamais éludé mais qui a donné corps à de nombreuses hypothèses toutes plus ou moins farfelues. Curiosité que cette homme là mais qui a vécu quand même 76 ans ainsi. Bien bel article avec bcp de recherches et d' illustrations. Une légende il restera. Merci J.P. Bises de C7

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    2
    Mercredi 20 Mai 2015 à 16:29
    francinea

     

    Bonjour, extraordinaire cette histoire; on ne saura jamais ce qui s'est passé, il devait déranger, c'est évident;  je te souhaite une bonne journée bisous

    1
    Mercredi 20 Mai 2015 à 09:34

    Le père Leleu....! Les habitants du village d'Onnezies (Honnelles) sont appelés les Leux. A cause d'un père Leleux qui arrivait du village par le "sentier des morts" en jouant de l'accordéon..J'aime ces légendes. Bonne journée, Jean-Pierre

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